Je ne crois plus en Santé Québec
Publié le 2025-04-02
C’est dommage, puisque cette fois, j’y croyais. Pour de vrai.
D’anciens gestionnaires issus d’une réalité différente, une coupure entre le politique et l’opérationnel, une centralisation de certaines tâches inutilement dupliquées dans les CISSS et CIUSSS actuels, l’idée de miser sur des gestionnaires créatifs et efficaces qui allaient sortir des sentiers battus… Ça semblait prometteur.
Depuis la création de Santé Québec, il ne s’est pas passé une semaine sans que je voie passer la nomination d’un nouveau « Top Gun », à croire que l’organisation bâtit de l’expertise. Eh bien, je n’y crois plus. Au final, on revient toujours au même modus operandi : mettre en place des gestionnaires qui délèguent… inefficacement.
Une preuve évidente? Chassez le naturel, il revient vite au galop. On crée Santé Québec avec un mandat clair. Et une des premières actions? Engager une firme de communication privée pour définir son identité. What?
Puis-je vous rappeler que je suis aussi graphiste de formation? Je ne me prétends pas expert en communication, mais j’ai œuvré dans le domaine assez longtemps pour dire que ce mandat à 103 000 $ est de la foutaise. Un peu comme quand Radio-Canada a tenté de se renommer « ICI J’M » (ou un truc comme ça) avec un logo hipster.
Besoin d’une image de marque? Engagez une équipe de communication à l’interne.
Besoin d’un cahier de normes? Faites travailler vos graphistes à l’interne.
Besoin d’une campagne de publicité? Utilisez vos équipes internes.
Besoin de savoir pourquoi vous existez? Revenez à la question du logo… et posez-vous les vraies questions! Ce sont les hauts dirigeants qui devraient définir les fondations de la machine, pas une firme de communication à 200–300 $ de l’heure!
Durant ce temps, le contribuable paie plus cher pour plus de gestionnaires :🔗 La Presse — Près de deux fois plus cher pour payer les hauts dirigeants. Et ce, sans que les services s’améliorent.
Et par « équipe de communication », je ne parle pas de quatre pages d’organigrammes. J’ai fait un stage dans un cabinet d’avocats dans ma jeunesse : une équipe de 4 ou 5 pour plus de 50 avocats… Ça fonctionnait.
Puis-je aussi vous rappeler que j’ai été cadre pendant un moment? Au CISSS de Lanaudière, pour les curieux. Et je peux vous confirmer que s’il y a un domaine où cette organisation affiche une piètre performance, c’est bien celui des communications.
Des exemples? 1) Des directions qui ne se parlent pas entre elles. 2) Des cadres supérieurs qui travaillent en silo. 3) Du dédoublement de tâches partout. Et surtout, des notes de service (que plus personne ne lit), en voulez-vous, en v’là!
Le clou du spectacle? Un intranet périmé, connu de tous, mais que personne ne veut changer. « Ce n’est pas une priorité »… Alors que la vraie raison, selon moi, est une sous-expertise causée par le travail en silo. Durant ce temps, la direction des soins infirmiers (DSI), entre autres, martèle que le personnel n’utilise pas assez l’outil pour être plus autonome. Or, il est clair que le problème provient principalement à la désuétude de l’outil.
En termes de gestion? Des rapports répétitifs sur les mêmes problèmes. Des rencontres inutiles chaque jour. Une sous-utilisation des outils qui améliorent l’efficience. Et surtout... Une trop grande centralisation des décisions dans certaines directions et sur les départements de soins.
Et non, on préfère, par exemple, mettre à jour des règles de soins périmées depuis parfois plus de 10 ans… qui seront probablement rapatriées par Santé Québec dans un avenir rapproché afin de centraliser ce travail. Encore du dédoublement administratif inutile que j’anticipe.
Sans parler de l’ingérence du politique qui continue… : 🔗 Radio-Canada — Santé Québec et les chirurgies privées.
Je demeure un éternel optimiste, et je souhaite que Santé Québec réussisse à se retrousser les manches. Qu’on arrête de parader devant les caméras et qu’on s’attaque réellement au vrai problème : l’accessibilité et l’organisation des soins. Pas pour Santé Québec. Pour la population québécoise et les soins qu’elle reçoit.
Et avec 65,5 milliards, s’il vous plaît, arrêtez de dire que ça prend encore plus d’argent.
Mes deux pistes de solution pour Santé Québec
Comme cet éditorial se veut constructif, voici deux pistes de solutions que je fournis gratuitement à Santé Québec.
Valoriser et utiliser réellement les ressources internes
Santé Québec pourrait commencer par faire un audit des talents internes, notamment dans les domaines comme la communication, la gestion de projet, le changement organisationnel et l’innovation. Le réseau regorge d’employés et de gestionnaires compétents, créatifs et motivés — mais souvent sous-utilisés ou écartés par une culture de hiérarchie rigide et de consultants externes.
Remettre l’organisation des soins au cœur des priorités (et non l’image)
Avant de penser à son logo ou à son image de marque, Santé Québec devrait établir un plan clair et transparent pour améliorer l’accessibilité des soins. Et ce plan devrait être coconstruit avec les patients, les soignants et les gestionnaires.
Bref, ce sont des embryons d’idées. L’important demeure comment ces idées sont appliquées et traduites dans la réalité terrain.
Et si jamais Santé Québec a besoin d’un coup de main… ils peuvent m’appeler. Je travaille toujours dans le réseau public 😉!
Et voilà mes deux cents pour cette semaine.
Modifié à : 14h40
Source de la photo:
Photo de Pok Rie sur Pexels
https://www.pexels.com/fr-fr/photo/silhouette-de-promenade-cassee-sur-plan-d-eau-sous-le-coucher-du-soleil-204968/
Commentaires
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